vendredi 26 février 2010

Maman et papa disaient... (mise à jour 28 janvier 2015)


Expressions matriarcales et patriarcales


Expressions matriarcales et patriarcales

Souvent, on se surprend à dire « papa disait » ou « maman disait » au cours d’une conversation à bâtons rompus*. Dans de tels moments, il me semble que nous tentons de nous référer à ces petits bouts de philosophie populaire dits par nos parents au cours de leur vie.

Afin que ces souvenirs ne tombent pas dans l'oubli, il serait amusant et pertinent d'en constituer un répertoire à partir de notre mémoire pour notre plaisir et celui de nos enfants. Il faut savoir que ces petites phrases étaient et sont toujours remplies d’une grande sagesse utile pour nous et nos descendants.

On trouvera des explications plus bas pour les mots arborant un astérisque.

Maman disait

Hypocoristiques*
Mon petit juif.
Faites pas comme les sœurs Kessler*.(de Mireille)
Gros ours et p’tit ours.
Habillé comme Marie Quat’Poches*.
Marie-Caca*.
C’est encore un sty*; veux-tu que t’envoie mon sty.
Mon petit baptême.
Mon petit mox*.
Mon petit tableau*.
Mon grand flanc* mou.
Mon petit joual* vert.
Ma petite chipie*.de Mireille
Ma petite gueuse*.de Mireille
Le flow*.
As-tu la danse de Saint-Guy*
Mon écrevisse.
Mon escogriffe.
Mon petit Chrysostome.
C’est un petit wise guy (par Mireille)
Ma grippette
Faire son barda
Prends trois quatre pieds et glisse (CG)
Elle est sarf (CG)
Mon p’tit Saint-Thomas d'Aquin
Le petit Moses (Moïse en anglais prononcé Mosus)
Dehors les meubles
Ote-toi dans/dedans les jambes




Religion
Tu me fais sacrer.

Sexe
Ne te promène pas la fale* à l’air.
Elle a les yeux à la gadelle*

Bouffe
Fais pas comme les Indiens : gardes-en pour demain.
Arrête de manger autant, on dirait que tu as le vers solitaire.
T’as les yeux plus gros/grands que la panse*.
Qu’est-ce qu’on mange : des ortolans* cuits dans la graisse (de bines*).
Veux-tu que j’installe des héridelles*.
As-tu le ver solitaire (pour quelqu’un qui mangeait sans cesse ou qui n’arrêtait pas gigoter).
As-tu des … dans le derrière

Comportement
Se mouiller les pieds
S’accrocher les pieds (quelque part)
Arrête de seiner*; tu n’en auras pas.
Prends-toi pas pour Maria Goretti (quand les filles se plaignaient pour rien).
Scram (dont on comprenait tous la définition sans avoir jamais ouvert un dictionnaire anglais).
Ça prendra pas goutinette* (boutinette ou midinette).
As-tu des vers dans le derrière (pour quelqu’un qui se trémoussait sur sa chaise).
M’a te serrer la vis mon écrevisse
T’as bien la fale* basse.
Tu es supposé être couché; fais le mort (ou fais-toi oublier) (si on intervenait quand on regardait la télévision du haut de l’escalier).
Si tu cours après un rat, il se sauve; si tu le coinces dans un coin, il te saute dans la face.
Le système D.
Respire par le nez.
T’as des trous, respire.
Prends* pas le beurre à (la) poignée.
Arrête de tourner* autour du pot.
Va pisser, ça va t’éclaircir la vue (quand on cherchait quelque chose et qu’on ne le trouvait pas).
M’a te serrer la vis.
T’as les yeux dans la graisse de bines*.
C’est arrangé avec le gars des vues.
Fais pas ton petit boss* des bécosses.
Il s’est mouillé* les pieds.
Qu’a* rise donc d’elle avant qu’a rise des autres.9de Mireille)
Pauvre Yves.
We will see
Passer free (passer en dessous de la table).
L’endormitoire* te prend.
Va te laver : t’as les pieds noirs comme le poêle.
Voyage de lâche.
Mains pleines de pouces.
À hue pis à ya (à hue et à dia).
Tu vas voir quand ton père va arriver/attends que ton père arrive
Je vais te casser (pour René)
Tiens-toi la tête droite (pour Yves)
Je ne peux pas le voir en peinture
Faites les morts; faites-vous oubliés, vous êtes supposés être couchés
Chialeuses à gadelles
Où tu vas de même avec ta jupe à marée haute toute écourtichée
T’es assez vieux pour mentir
T’es assis sur le cant*, tiens-toi droit.
Va te canter*.
Es-tu coque*-l’œil?
Essaye pas de me pogner les culottes à terre
Ambitionne pas sur le pain bénit
Pige pas à deux mains dans le plat à bonbons
Elle est maigre comme une échalote*.
Hei les p'tis gars, c'est l'hiver; n'oubliez pas de mettre vos canissons* (Richard Guay)
We will see
Arrête de me suivre comme un chien de poche
La loi du moindre effort
La sainte paix
C’est spick and span*
Fais pas ton pissou*
Fais pas de l’esprit* de bottine
Arrête de me regarder en chien de faïence
Aller jouer à brinch à branch*
Attention au petit Félix en reculant
Tout nu dans’rue
Chiant en culotte
Fais pas le zouave
Chenaille* (Schnail)


EXTRAIT
La coulée des miracles – Une parodie de l’Église catholique
Jean-Guy Chouinard, Fondation littéraire Fleur de Lys

Réussissant quand même à retomber sur ses deux pieds, il parvint ensuite, tant bien que mal, à « twister » son pantalon sur sa hanche pour cacher une déchirure en forme d'équerre qui aérait maintenant la moitié de sa fesse droite. Lui qui ne portait des « Canissons » Stanfield que durant l’hiver, là, il se sentait pratiquement le derrière à l'air, car il n’avait pas mis de caleçons ce matin-là.



Papa disait                                                              

Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire nous viennent aisément.(de Mireille de Boileau)
Vaut mieux être un zombie* en vie qu’un héros sur le dos.
Si tu ne veux pas de menteries, ne pose pas de question. (de Claire)
Les Américains sont riches parce qu'ils se mêlent de leurs affaires. (de Claire)
Si* tout le monde avait les mêmes goûts, les lits ne seraient pas assez grands.(de Claire)
Il n’y a rien à l’épreuve des fous.
Quand on pousse quelqu’un dans ses derniers retranchements, il ne peut faire autrement que réagir.
J'ai su que j'avais pris de l'âge lorsque les filles qui me faisaient de l'œil avaient eu vingt ans depuis longtemps.(de Claire)
Quand* il n’y en aura plus, il y en aura encore (ou il y en aura d’autres) (de Claire)
L’expression est un morceau de sagesse populaire qui signifie que même si on semble avoir épuisé une ressource, il y a une telle abondance de cette même ressource, qu’il restera toujours pour nous approvisionner. Cette expression apparaît dans de nombreux écrits romanesques ou théâtraux, comme par exemple dans l’acte III, scène V d’un vaudeville de Messieurs Cogniard Frères, jouée le 24 août 1833 sur le théâtre des Folies dramatiques

C’est le premier qui pose la question qui embête l’autre.
Si quelqu’un t’impressionne, imagine-le assis sur le bol de toilette.
Lorsqu'on est niaiseux* (ou qu'on nait niaiseux), on a avantage à ne pas être grand; ça paraît moins.
papa disait:   "lorsqu'on est niaiseux (ou qu'on nait niaiseux selon le cas), on a avantage à ne pas être grand; ça paraît moins" ( il faisait particulièrement référence ici à un collègue "grand de taille" que je ne voudrais pas nommer ) de Claire


Quand on dit la vérité, on ne peut pas se mêler dans nos mensonges (ou menteries).
Souvent ceux qui sacrent, c’est à cause d’un manque de vocabulaire.
Tous les hommes naissent égaux mais certains sont plus égaux que d’autres.
L’art de taxer, c’est comme enlever toutes les plumes d’une poule sans qu’elle crie « Ayoye! »
Juron : Viaque ou viacre*.
Il n’y a rien qui soit à l’épreuve des fous.
Quand tu pousses quelqu’un dans ses derniers retranchements, il ne  peut faire autrement que d’attaquer
Une vente bien faite est une vente payée; avant c’est un don
85 ans, c’est assez vieux pour faire un mort
Guay: Papa « Yé t'assez vieux pour faire un mort »
Assez vieux pour mentir
Une vente bien faite, c’est une vente payée; avant le paiement, c’est un don
Quand tu commences une guerre, sois certain de la gagner; sinon, ne la commence pas.
(« Ne commence pas une guerre si tu n’es pas certain que ça en vaille la peine ! »« et si tu commences une guerre, soit certain de la gagner ! »
Quand il n’y en aura plus, il y en aura encore (ou il y en aura d’autres).
L’expression est un morceau de sagesse populaire qui signifie que même si on semble avoir épuisé une ressource, il y a une telle abondance de cette même ressource, qu’il restera toujours pour nous approvisionner. Cette expression apparaît dans de nombreux écrits romanesques ou théâtraux, comme par exemple dans l’acte III, scène V d’un vaudeville de Messieurs Cogniard Frères, jouée le 24 août 1833 sur le théâtre des Folies dramatiques


Un peu d’étymologie sur certains mots de ces expressions


Un peu d’étymologie sur certaines expressions


À bâtons rompus
Dès la fin du XIIIe siècle, le mot bâton s’applique par extension à une forme linéaire, par exemple en héraldique (blason) à une bande verticale, emploi dans lequel on voit l’origine de l’expression à bâtons rompus (1608), c’est-à-dire à la façon de bâtons entremêlés. Par extension, cette expression a signifié par des propos décousus, sens enregistré par le linguiste et lexicologue Antoine Furetière en 1690.

Bi (bie)
Bi dérive par apocope (suppression de syllabes à la fin d’un mot, i.e. auto pour automobile) de bise, lui-même probablement dérivé de baiser (issu du latin basiare, baiser). Certains le font plutôt dériver de biser, une forme dialectale de l’ouest tiré lui aussi du latin basiare. Un autre dérivé de biser, bisou (avant 1901), dont le suffixe en –ou est probablement l’équivalent provençal de –on. Bise et surtout bisou devinrent à la mode après les années 1960. (Merci à ma sœur Claire qui m’a mis sur la voie) 

Big shot
Expression anglaise qu’on peut traduire par gros calibre ou grand ponte. Le mot désignait donc une personne importante ou influente dont l’une des caractéristiques était de dépenser sans compter.

Bines
Le mot bine est bien entendu un canadianisme tiré de l’anglais bean (haricot), un mot venant du vieil anglais bean. L’allemand bohne, l’hollandais boon et le suédois bona, tous de même sens, font penser à une origine germanique bauno, mais c’est le plus loin qu’on peut remonter. Avoir les yeux dans la graisse de bine, c’est avoir les yeux amoureux, langoureux, avoir un regard rêveur. L’origine de l’expression est mystérieuse. Peut-on supposer un rapport avec la fabrication des fèves au lard, où les ronds de gras, apparentés à des yeux, apparaissent à la surface du liquide qui bouille?

J’ai l’impression que l’expression servait également à signifier que quelqu’un n’était pas encore complètement réveillé.

Boss des bécosses
Bécosses (toilettes) est un canadianisme tiré de l’anglais back house pour désigner la petite cabane à l’arrière de la cour qui servait pour les besoins primaires ou en bon français les latrines extérieures. Back remonte à un pré-germanique bakam (dos, arrière) à l’origine du vieil allemand bah et du vieux norrois bak. House quand à lui est d’origine incertaine. On le fait généralement remonter au pré-germanique khusam qui a donné l’allemand haus, l’hollandais huus, le suédois hus, qu’on retrouve dans l’anglais husband (occupant mâle de la maison).
                                                                                                                      
Boss (chef, patron) est lui aussi d’origine obscure. On sait qu’il vient du hollandais baas (maître), mot apporté par les premiers pionniers hollandais venus en Amérique.

On comprendra que notre mère affublait de ce surnom quelqu’un qui se prenait pour un autre.

Brinch à branch
Un jeu qui semble être particulier au Québec ou peut-être même à la ville de Québec dans les années 1950. L’origine du nom du jeu m’est inconnue. Un animateur ou un loup cache un objet dans les alentours du site. La personne qui a caché l’objet vient expliquer aux autres, par un dessin ou avec plusieurs indices sur le sol, le trajet qu’il a dû faire pour se rendre (avec bien des détours). Le premier qui trouve l’objet caché est nommé « bon chasseur.
Mon souvenir est le suivant : On divise le groupe en deux. Une moitié part se cacher et l’autre attend. Lorsque l’équipe est cachée, elle envoie un messager à l’autre équipe et il va dessiner un plan de l’endroit où ses coéquipiers sont cachés. Le plan ne doit pas être très précis pour rendre la tâche plus difficile à ceux qui devront les trouver, le plan ne doit contenir que des vérités. L’équipe cachée le reste jusqu’au moment où l’équipe qui les cherche est en vue. Alors là, elle peut essayer de revenir au départ pour effacer ou déchirer le plan qui aura été fait et laissé sur l’endroit de départ. Pour pouvoir effacer le plan, il ne faut pas avoir été touché par un des membres de l’équipe poursuivante sinon on est mort. Le messager peut convenir de signes qu’il fera à son équipe en cas de danger. L’équipe gagnante sera celle qui aura effacé le plan ou qui l’aura préservé.

Canissons (à compléter)
Extrait de La coulée des miracles – Une parodie de l’Église catholique
Jean-Guy Chouinard, Fondation littéraire Fleur de Lys


« Réussissant quand même à retomber sur ses deux pieds, il parvint ensuite, tant bien que mal, à « twister » son pantalon sur sa hanche pour cacher une déchirure en forme d'équerre qui aérait maintenant la moitié de sa fesse droite. Lui qui ne portait des « Canissons » Stanfield que durant l’hiver, là, il se sentait pratiquement le derrière à l'air, car il n’avait pas mis de caleçons ce matin-là. « 

Cant, canter
Le latin canthus (bande de fer qui entoure la roue), lui-même du grec kanthos (coin de l’œil), est le mot d’où sont issus cant (côté le moins large d’un objet) et ses dérivés canter, accanter, encanter et décanter, est aussi à l’origine d’un très grand nombre de mots comme canton (coin, quartier), cantonnière, cantonner, cantine, etc. Ce dernier mot est emprunté par le biais de l’italien cantina (petit coin oû le met le vin). Par ailleurs, cant possède un doublet français sous la forme de chant (face étroite d’un objet).

Canter signifie : ne pas être sur le plus large côté et donc risquer de tomber; et se coucher.

Chenailler
Québécisme signifiant fuir, déguerpir
(reconnu par Antidote et présent dans le Dictionnaire des canadianismes

Chipie
La chipie, d’abord chipi (~1821), est d’origine incertaine, Il semble, invraisemblablement selon moi, que le mot origine de la contraction de chiper et de pie. Chiper (~1759) dérive probablement de chipe qui désigne un petit morceau d’étoffe. Chiper signifier donc dérober un petit morceau ou un objet de peu de valeur. Pie vient du latin pica (pie) pour désigner l’oiseau que l’on connaît et désigne au figuré une personne bavarde. Sans compter que cet oiseau est caractérisé par un appétit vorace, ce qui pourrait avoir autorisé le rapprochement de chiper et de pie. On peut rapprocher le mot chipie de chipi (femme pingre) en Champagne et de gripie de l’ancien verbe griper (attraper) aujourd’hui gripper.

On utilise le mot d’abord dans l’expression faire sa chipe, c’est-à-dire faire la fille méchante ou difficile à vivre. Aujourd’hui, le mot a le sens de femme ou fille désagréable, prétentieuse ou capricieuse.


Coque-l’œil
Cette expression est tirée de l’anglais cock-eyed (de to cock, armer, dresser et de eye, œil).
Être coque-l’œil, c’est avoir une coquetterie dans l’œil, loucher. Par extension, être aveugle.

Échalote (en réalité échalas)
Échalas est attesté depuis 1215 sous la forme eschalaz, probablement une altération de escharat (échelle) issu d’une forme charas, attesté par le dérivé charasson (échalas) dans les dialectes du Centre. Charas est issu du latin populaire caracium, altération du bas latin carratium (échalas) qui est lui-même une transposition du grec kharax (pieu, échalas) du verbe kharassein (aiguiser). Échalas désigne un pieu pour une clôture et un tuteur pour les plantes et qui, par comparaison, fut ensuite employé pour désigner une personne grande et maigre.


Endormitoire
Vieux mot français signifiant envie de dormir, besoin de sommeil, endormitoire vient de dormir, du latin dormire de même sens.

Esprit de bottine
L’origine de cette expression régionale est obscure. On pourrait dire qu’il s’agit d’un esprit ou d’un trait qu’on veut comique qui tire son origine des pieds plutôt que de la tête, donc d’un esprit au ras du sol. D’ailleurs, en français européen, il n’existe pas vraiment de tournure aussi pittoresque pour exprimer le fait d’avoir recours à un humour un peu facile pour amuser l’entourage.

Fal, fale, falle
Le mot fale désigne le jabot ou le gosier d’un animal, d’un oiseau. Le mot viendrait du vieux norrois falr signifiant tube. Je vous réfère, pour une explication complète et très intéressante, au site http://www.takefu.org/labo/?2005/01/06/92-la-falle-basse.


La fale est la poitrine ou la gorge. Avoir la fale à l'air signifie être décolleté ou débraillé de brêler). Avoir la fale basse signifie ne pas avoir de façon. Au sens propre, avoir la fale basse signifie aussi être affamé.


Flanc
Le mot a été probablement refait sur l’ancien français flanche, issu du francisque hlanka (partie latérale du corps). Le mot est aussi attesté par l’ancien haut allemand lancha (côté) et le moyen néerlandais lanke (côté). Le mot désigne une personne nonchalante ou fainéante. On utilise souvent l’expression grand flanc mou.

Flow (de fellow)
Le mot fellow origine du vieil anglais feolaga (partenaire d’affaires), lui-même du vieux norrois felagi, de fe (argent) et de *lag (poser, pondre, mettre), à l’origine de l’anglais lay. Le mot a par la suite signifié une personne de sexe masculine, puis une personne appartenant à une corporation.


Gadelle
Gadelle est un des noms vulgaires de la groseille rouge dans l'Ouest de la France, appelé gradelle ou gradille en Normandie et gade en haute Normandie. Le mot gadel fait encore partie du patois normand aujourd'hui, mais on ignore son étymologie. Au Canada, la gelée de cassis désigne aussi la gadelle noire.


Goutinette, boutinette ou midinette (en réalité : goût de tinette)
L’expression “ne pas prendre goût de tinette” signifie “prendre rapidement” en parlant du beurre.

La tinette était un récipient généralement de forme ronde en bois doublé d'étain où l'on conservait le beurre une fois fabriqué.  Le mot tinette tire donc son origine de l’anglais (tin). L'expression populaire “cela ne prendra pas goût de tinette” vient du fait que si le beurre prend rapidement, on peut le retirer de la tinette dont il n’aura pas le temps de prendre le goût, celui de l’étain.

Quant à boutinette, goutinette ou midinette, c’est à l’évidence une déformation de goutinette, lui-même une déformation de goût de tinette.


Hypocoristique
Le mot hypocoristique est un emprunt du grec tardif hupokoristikos (caressant, diminutif) lui- même du verne hupokorizesthai (parler avec des diminutifs) issu de hupo (sous) et korizesthai (caresser, cajoler). Hypocoristique en français signifie donc petit mot qui caresse, doux surnom, diminutif.


Joual
Joual est la prononciation relâchée et déformée de cheval, entendu surtout dans les régions rurales ou les quartiers populaires des grandes villes. L’expression joual vert est un juron qui prenait la place du mot calvaire, tout comme tabarnouche a pris la place de tabernacle et torrieux de tord Dieu.


Kessler
Les sœurs jumelles Alice et Ellen Kessler, nées le 20 août 1936 à Nerchau, en Saxe, Allemagne, étaient deux danseuses et actrices allemandes. Elles ont fait une carrière commune dans le show business.

Leur vrai nom était Kässler. Leur père Paul et leur mère Elsa leur firent suivre des cours de danse classique. Le corps de ballet pour enfants de la ville de Leipzig les engagea à l'âge de six ans en 1947. Elles réussirent en 1950 l'examen d'entrée de l'école de danse de l'opéra de Leipzig. En 1952, la famille saisit la chance de quitter la RDA et passa en Allemagne de l'Ouest où les deux sœurs continuèrent leur carrière dans le théâtre de variété à Düsseldorf. C'est là que Pierre-Louis Guérin du Lido de Paris les découvrit et les engagea.

En 1959, elles représentent l'Allemagne au 4e Grand prix Eurovision de la chanson européenne, terminant 7e sur 11 avec « Heut mocht ich Bummeln » (Nous voulons aller danser ce soir), chanson signée par Astrid Voltmann et Helmut Zander[1].

Elles continuèrent plus tard leur carrière en Italie où elles vécurent de 1962 à 1986. Elles jouèrent dans plusieurs films en Allemagne, en France et en Italie. Elles ont également été assez connues aux États-Unis où de nombreuses personnalités d'Hollywood comme Frank Sinatra, Burt Lancaster ou Elvis Presley se montraient volontiers avec « les Allemandes ».
Elles reçurent la Rose d'Or de Montreux.

Après vérification des habillements des deux filles aînées, elle constatait souvent qu’elles sortaient de la maison en chemisier sans mettre de camisole par-dessus le soutien-gorge. Maman les comparait alors aux sœurs Kessler, des danseuses souvent en tenue légère.

Cependant, aussitôt au coin de la rue, les filles s’empressaient d’enlever cette camisole. Souvent cependant, au retour de leurs sorties, gare à celle qui oubliait de la remettre avant de rentrer. Elle se faisait apostropher de verte façon.


Marie-Caca
Marie-Caca désignait une femme qui se souciait peu de la propreté. L’expression est peut-être originaire de Saint-Gabriel-de-Rimouski. Mais il est plus probable que c’est une création québécoise par analogie avec Marie-Pipi.

On note par exemple une Marie-Pipi, une vieille sorcière brûlée vive sur la place de Bayonne en un temps où ces pratiques se justifiaient encore, par exemple évoqué dans l’édition d’août 1968 dans le journal Combat, fondé André Renard.

Dans le blogue de Michelle d’Astier de La Vigerie, une télévangéliste spécialisée dans les histoires de sorcière du Moyen-Âge, un dénommé Mario, d’Hamilton (Ontario), note qu’il se rappelle que son père appelait sa sœur Marie-Pipi, ce qui montre que le mot avait traversé l’Atlantique.


Marie Quat’Poches
Marie Quat'Poches est une série télévisée québécoise diffusée originalement de 1967 à 1968 sur les ondes de Radio-Canada et rediffusée à de multiples occasions.


Mouiller
Mouiller est issu (~1050) du latin tardif molliare (amollir, imbiber, humidifier) qui s’appliquait au départ au pain qu’on amollissait en le trempant (cf. tremper la souper ou la soupe est trempée). Le verbe latin molliare est tiré de mollia, un raccourci pour mollia panis (mie de pain). L’adjectif mollia provient de mollis (mou) couramment employé pour désigner la mie de pain.

Si quelqu’un se mouillait les pieds, cela voulait dire pour notre mère, qu’il avait pris de la boisson alcoolisée, qu’il était gris. Si quelqu’un peut expliquer l’origine de cette expression et le sens qu’on lui a donné, il est bienvenu de le faire.

En argot, être mouillé signifie être ivre. Au Canada, on employait l’expression se mouiller le canayen (canadien) pour boire beaucoup. Se barrer les pieds ou s’enfarger les pieds signifier être arrêté par quelque chose. On pourrait penser que se mouiller les pieds provient d’un amalgame des deux expressions pour signifier : quand il est revenu à la maison, il s’est arrêté dans un bar (barré les pieds dans le bar) et il a bu assez pour être gris.
                             

Mox
Je l’ai toujours compris pour jeune garçon, mais je n’en trouve pas la provenance. Une idée, quelqu'un?


Niaiseux
Niaiseux est un canadianisme pour signifier niais. Il dérive du verbe niaiser qui a donné niaiseur (qui se prononçait niaiseux au XVIe et XVIIe siècles). Ces mots ont vieilli en français standard. Niais (~1210) vient du latin nidax (pris au nid), lui-même de nidus (nid). Au départ, niais est employé pour désigner un faucon qui sort du nid. Vers 1250, il sert aussi à qualifier une personne sans expérience ou trop naïve. Il prend le sens moderne de sot vers 1275.


Ortolan
Ortolan est emprunté à l’italien ortolano pour désigner une variété de petits passereaux d’Europe à chair délicate. Le mot est issu du latin tardif hortolanus (du jardin) qui avait déjà donné en ancien français le mot hortolan (jardinier). Hortolanus est lui-même dérivé de hortus (jardin) qui a donné le français horticole.

Le nom de cet oiseau entre dans quelques expressions comme symbole de mets délicats en rapport avec la rareté de l’oiseau ou avec sa réputation d’extrême finesse. Manger des ortolans, par surcroît cuits dans la graisse, était donc une expression ironique.


Panse
Le mot vient du latin pantex (intestins, tripes et par extension abdomen, ventre), souvent au pluriel pantices. Le mot est passé en français comme un synonyme populaire et familier du ventre.

Pissou
Les canadiens (francophones en ce temps-là) se faisaient traiter de pea soup par les anglophones, parce cette soupe faisait partie de leur ordinaire quotidien. Au fil du temps, le mot pea soup est devenu pissou, les Canadiens-français ne comprenant pas toujours les insultes des Anglos.

Prendre le beurre à (la) poignée

L’expression signifie : aller trop vite en besogne. Ne prends pas le beurre à (la) poignée signifie donc calme-toi. Par ailleurs, je soupçonne que notre mère l’employait pour dire d’arrêter de gaspiller.


Quand il n’y en aura plus, il y en aura encore (ou il y en aura d’autres).
L’expression est un morceau de sagesse populaire qui signifie que même si on semble avoir épuisé une ressource, il y a une telle abondance de cette même ressource, qu’il restera toujours pour nous approvisionner. Cette expression apparaît dans de nombreux écrits romanesques ou théâtraux, comme par exemple dans l’acte III, scène V d’un vaudeville de Messieurs Cogniard Frères, jouée le 24 août 1833 sur le théâtre des Folies dramatiques


Ridelle
Ridelle est emprunté au moyen haut allemand reidel (rondin) lui-même de l’ancien haut allemand ridan (tordre, tourner) d’où le français tire le verbe rider. Tous ces mots ont une racine indo-européenne en commun *wer ou *ver, à l’origine de la préposition vers.

Le mot désigne une balustrade légère, pleine ou à claire-voie, placé de chaque côté d’un véhicule découvert ou bâché pour maintenir la charge et l’empêcher de déborder.

Saint-Guy
La chorée de Sydenham, nommée ainsi d'après Thomas Sydenham, est une maladie infectieuse du système nerveux central, apparaissant après une infection à streptocoques bêta-hémolytique du groupe A, avec fièvre, caractérisée par des mouvements involontaires et contractions des muscles du tronc et des extrémités. Elle touche les enfants de 7 à 14 ans consécutivement à une contamination aux streptocoques. Les antigènes streptococciques ressemblent à ceux retrouvés au niveau des tissus nerveux, ce qui entraîne un rhumatisme articulaire aigu (RAA). Elle se guérit naturellement.
En langage courant, elle est appelée la « danse de Saint-Guy ».

Seiner
Il m'apparaît maintenant clairement que ces mots viennent sûrement du verbe seiner/senner signifiant pêcher à la seine/senne, la seine/senne étant le filet de pêche qu'on laisse traîner au fond de l'eau pour ramasser le poisson. Le mot seine ou senne vient du latin sagena (filet de pêche).

Le verbe apparaît dans les vieux Larousse, Robert et Littré. Les premiers français l'on probablement importé au Canada sous cette forme de seiner ou seineux, dans le sens de solliciter, solliciteur, d’où seineuse pour celle qui sollicite des clients (prostituée).


Si tout le monde avait les mêmes goûts, les lits ne seraient pas assez grands.
La maxime semble être l’expression populaire de l’adage latin De gustibus et coloribus non est disputandum qu’on peut traduire par Des goûts et des couleurs, on ne discute pas. Boris Vian disait que si tout le monde avait les mêmes goûts, ce serait drôlement dur de se marier.


Sty/stail/Staille
Je l’ai toujours compris pour jeune garçon, mais je n’en trouve pas la provenance. Une idée, quelqu'un?


Tableau
J’ose penser que c’est parce que papa avait une manufacture de tableaux que notre mère employait cette expression, mais rien n’est sûr. Peut-être est-ce antérieur?


Tourner autour du pot
Pot est un mot d’origine inconnue. Peut-être vient-il de la racine préceltique –pott évoquant l’idée de rondeur, qu’on retrouve aussi dans les mots pote ou potelé. Tourner autour du pot signifie tergiverser, ne pas aller droit au but.


Viac/viacre/viaque
Juron utilisé probablement à la place de viarge, vierge.


Zombie 
Zombi ou zombie est emprunté en 1832 à un mot créole haïtien, lui-même d’une langue africaine probablement parlée au Dahomey (Bénin), source du vaudou haïtien. En tchilouba, une langue du Congo, on trouve les mots nzambi (dieu), et zumbi (fétiche). Le mot est certes plus courant en anglais des États-Unis qu’en français.

Dans les cultes vaudou, le mot signifie dieu-serpent et désigne le pouvoir surnaturel qui peut réanimer un mort, d’où le sens de fantôme d’un mort. Par analogie, vers 1975, le mot équivaut à personne sans volonté.