Expressions matriarcales et patriarcales
Expressions matriarcales et patriarcales
Souvent, on se surprend à dire « papa disait » ou « maman disait » au cours d’une conversation à bâtons rompus*. Dans de tels moments, il me semble que nous tentons de nous référer à ces petits bouts de philosophie populaire dits par nos parents au cours de leur vie.
Afin que ces souvenirs ne tombent pas dans l'oubli, il serait amusant et pertinent d'en constituer un répertoire à partir de notre mémoire pour notre plaisir et celui de nos enfants. Il faut savoir que ces petites phrases étaient et sont toujours remplies d’une grande sagesse utile pour nous et nos descendants.
On trouvera des explications plus bas pour les mots arborant un astérisque.
Maman disait
Hypocoristiques*
Mon petit juif.
Faites pas comme les sœurs Kessler*.(de Mireille)
Gros ours et p’tit ours.
Habillé comme Marie Quat’Poches*.
Marie-Caca*.
C’est encore un sty*; veux-tu que t’envoie mon sty.
Mon petit baptême.
Mon petit mox*.
Mon petit tableau*.
Mon grand flanc* mou.
Mon petit joual* vert.
Ma petite chipie*.de Mireille
Ma petite gueuse*.de Mireille
Le flow*.
As-tu la danse de Saint-Guy*
Mon écrevisse.
Mon escogriffe.
Mon petit Chrysostome.
C’est un petit wise guy (par
Mireille)
Ma grippette
Faire son barda
Prends trois quatre pieds et glisse (CG)
Elle est sarf (CG)
Mon p’tit Saint-Thomas d'Aquin
Le petit Moses (Moïse en anglais prononcé Mosus)
Dehors les meubles
Ote-toi dans/dedans les jambes
Religion
Tu me fais sacrer.
Sexe
Ne te promène pas la fale* à l’air.
Elle a les yeux à la gadelle*
Bouffe
Fais pas comme les Indiens : gardes-en pour demain.
Arrête de manger autant, on dirait
que tu as le vers solitaire.
T’as les yeux plus gros/grands que
la panse*.
Qu’est-ce qu’on mange : des ortolans* cuits dans la
graisse (de bines*).
Veux-tu que j’installe des héridelles*.
As-tu le ver solitaire (pour quelqu’un qui mangeait sans
cesse ou qui n’arrêtait pas gigoter).
As-tu des … dans le derrière
Comportement
Se mouiller les pieds
S’accrocher les pieds (quelque part)
Arrête de seiner*; tu n’en auras pas.
Prends-toi pas pour Maria Goretti (quand les filles se
plaignaient pour rien).
Scram (dont on comprenait tous la définition sans avoir
jamais ouvert un dictionnaire anglais).
Ça prendra pas goutinette* (boutinette ou midinette).
As-tu des vers dans le derrière
(pour quelqu’un qui se trémoussait sur sa chaise).
M’a te serrer la vis mon écrevisse
T’as bien la fale* basse.
Tu es supposé être couché; fais le mort (ou fais-toi oublier)
(si on intervenait quand on regardait la télévision du haut de l’escalier).
Si tu cours après un rat, il se sauve; si tu le coinces dans
un coin, il te saute dans la face.
Le système D.
Respire par le nez.
T’as des trous, respire.
Prends* pas le beurre à (la) poignée.
Arrête de tourner* autour du pot.
Va pisser, ça va t’éclaircir la vue (quand on cherchait quelque
chose et qu’on ne le trouvait pas).
M’a te serrer la vis.
T’as les yeux dans la graisse de bines*.
C’est arrangé avec le gars des vues.
Fais pas ton petit boss* des bécosses.
Il s’est mouillé* les pieds.
Qu’a* rise donc d’elle avant qu’a rise des autres.9de Mireille)
Qu’a* rise donc d’elle avant qu’a rise des autres.9de Mireille)
Pauvre Yves.
We will see
Passer free (passer en dessous de la table).
L’endormitoire* te prend.
Va te laver : t’as les pieds noirs comme le poêle.
Voyage de lâche.
Mains pleines de pouces.
À hue pis à ya (à hue et à dia).
Tu vas voir quand ton père va arriver/attends que ton père
arrive
Je vais te casser (pour René)
Tiens-toi la tête droite (pour Yves)
Je ne peux pas le voir en peinture
Faites les morts; faites-vous oubliés, vous êtes supposés
être couchés
Chialeuses à gadelles
Où tu vas de même avec ta jupe à marée haute toute
écourtichée
T’es assez vieux pour mentir
T’es assis sur le cant*, tiens-toi droit.
Va te canter*.
Es-tu coque*-l’œil?
Essaye pas de me pogner les culottes à terre
Ambitionne pas sur le pain bénit
Pige pas à deux mains dans le plat à bonbons
Elle est maigre comme une échalote*.
Hei
les p'tis gars, c'est l'hiver; n'oubliez pas de mettre vos canissons*
(Richard Guay)
We
will see
Arrête de me suivre comme un chien de poche
Arrête de me suivre comme un chien de poche
La loi du moindre effort
La sainte paix
C’est spick and span*
Fais pas ton pissou*
Fais pas de l’esprit* de bottine
Fais pas de l’esprit* de bottine
Arrête de me regarder en chien de faïence
Aller jouer à brinch à branch*
Attention au petit Félix en reculant
Tout nu dans’rue
Chiant en culotte
Fais pas le zouave
Chenaille* (Schnail)
EXTRAIT
La coulée des miracles – Une parodie de l’Église catholique
Jean-Guy Chouinard, Fondation littéraire Fleur de Lys
Réussissant quand même à retomber sur ses deux pieds, il parvint ensuite, tant bien que mal, à « twister » son pantalon sur sa hanche pour cacher une déchirure en forme d'équerre qui aérait maintenant la moitié de sa fesse droite. Lui qui ne portait des « Canissons » Stanfield que durant l’hiver, là, il se sentait pratiquement le derrière à l'air, car il n’avait pas mis de caleçons ce matin-là.
Papa disait
Ce
que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire nous
viennent aisément.(de Mireille de Boileau)
Vaut mieux être un zombie* en vie qu’un héros sur le dos.
Si tu ne veux pas de menteries, ne pose pas de question. (de
Claire)
Les Américains sont riches parce qu'ils se mêlent de leurs
affaires. (de Claire)
Si* tout le monde avait les mêmes goûts, les lits ne
seraient pas assez grands.(de Claire)
Il n’y a rien à l’épreuve des fous.
Quand on pousse quelqu’un dans ses derniers retranchements,
il ne peut faire autrement que réagir.
J'ai su que j'avais pris de l'âge lorsque les
filles qui me faisaient de l'œil avaient eu vingt ans depuis longtemps.(de
Claire)
Quand* il n’y en aura plus, il y en aura encore (ou il y en
aura d’autres) (de Claire)
L’expression
est un morceau de sagesse populaire qui signifie que même si on semble avoir
épuisé une ressource, il y a une telle abondance de cette même ressource, qu’il
restera toujours pour nous approvisionner. Cette expression apparaît dans de
nombreux écrits romanesques ou théâtraux, comme par exemple dans l’acte III,
scène V d’un vaudeville de Messieurs Cogniard Frères, jouée le 24 août 1833 sur
le théâtre des Folies dramatiques
C’est le premier qui pose la question qui embête l’autre.
Si quelqu’un t’impressionne, imagine-le assis sur le bol de
toilette.
Lorsqu'on est niaiseux* (ou qu'on nait niaiseux), on a
avantage à ne pas être grand; ça paraît moins.
papa
disait: "lorsqu'on est niaiseux (ou qu'on nait niaiseux selon
le cas), on a avantage à ne pas être grand; ça paraît moins" ( il faisait
particulièrement référence ici à un collègue "grand de taille" que je
ne voudrais pas nommer ) de Claire
Quand on dit la vérité, on ne peut pas se mêler dans nos
mensonges (ou menteries).
Souvent ceux qui sacrent, c’est à cause d’un manque de
vocabulaire.
Tous les hommes naissent égaux mais certains sont plus égaux
que d’autres.
L’art de taxer, c’est comme enlever toutes les plumes d’une
poule sans qu’elle crie « Ayoye! »
Juron : Viaque ou viacre*.
Il n’y a rien qui soit à l’épreuve des fous.
Quand tu pousses quelqu’un dans ses derniers retranchements,
il ne peut faire autrement que
d’attaquer
Une vente bien faite est une vente payée; avant c’est un don
85 ans, c’est assez vieux pour faire un mort
Guay: Papa « Yé t'assez vieux pour faire un mort »
Assez vieux pour mentir
Une vente bien faite, c’est une vente payée; avant le
paiement, c’est un don
Quand tu commences une guerre, sois certain de la gagner;
sinon, ne la commence pas.
(« Ne commence pas une guerre si tu n’es pas
certain que ça en vaille la peine ! »« et si tu commences une guerre,
soit certain de la gagner ! »
Quand
il n’y en aura plus, il y en aura encore (ou il y en aura d’autres).
L’expression
est un morceau de sagesse populaire qui signifie que même si on semble avoir
épuisé une ressource, il y a une telle abondance de cette même ressource, qu’il
restera toujours pour nous approvisionner. Cette expression apparaît dans de
nombreux écrits romanesques ou théâtraux, comme par exemple dans l’acte III,
scène V d’un vaudeville de Messieurs Cogniard Frères, jouée le 24 août 1833 sur
le théâtre des Folies dramatiques
Un peu d’étymologie sur certains mots de ces expressions
Un peu d’étymologie sur certaines expressions
À bâtons rompus
Dès
la fin du XIIIe siècle, le mot bâton s’applique par extension à une forme
linéaire, par exemple en héraldique (blason) à une bande verticale, emploi dans
lequel on voit l’origine de l’expression à
bâtons rompus (1608), c’est-à-dire à
la façon de bâtons entremêlés. Par extension, cette expression a signifié par des propos décousus, sens enregistré
par le linguiste et lexicologue Antoine Furetière en 1690.
Bi (bie)
Bi
dérive par apocope (suppression de syllabes à la fin d’un mot, i.e. auto pour
automobile) de bise, lui-même probablement dérivé de baiser (issu du latin basiare, baiser). Certains le font plutôt
dériver de biser, une forme dialectale de l’ouest tiré lui aussi du latin basiare. Un autre dérivé de biser, bisou
(avant 1901), dont le suffixe en –ou est probablement l’équivalent provençal de
–on. Bise et surtout bisou devinrent à la mode après les années 1960. (Merci à
ma sœur Claire qui m’a mis sur la voie)
Big shot
Expression
anglaise qu’on peut traduire par gros
calibre ou grand ponte. Le mot
désignait donc une personne importante ou influente dont l’une des
caractéristiques était de dépenser sans compter.
Bines
Le
mot bine est bien entendu un
canadianisme tiré de l’anglais bean
(haricot), un mot venant du vieil anglais bean. L’allemand bohne, l’hollandais boon et le suédois bona, tous de même sens, font penser à
une origine germanique bauno, mais
c’est le plus loin qu’on peut remonter. Avoir les yeux dans la graisse de bine,
c’est avoir les yeux amoureux, langoureux, avoir un regard rêveur. L’origine de
l’expression est mystérieuse. Peut-on supposer un rapport avec la fabrication
des fèves au lard, où les ronds de gras, apparentés à des yeux, apparaissent à
la surface du liquide qui bouille?
J’ai
l’impression que l’expression servait également à signifier que quelqu’un
n’était pas encore complètement réveillé.
Boss des bécosses
Bécosses
(toilettes) est un canadianisme tiré de l’anglais back house pour désigner la petite cabane à l’arrière de la cour
qui servait pour les besoins primaires ou en bon français les latrines
extérieures. Back remonte à un
pré-germanique bakam (dos, arrière) à
l’origine du vieil allemand bah et du
vieux norrois bak. House quand à lui est d’origine
incertaine. On le fait généralement remonter au pré-germanique khusam qui a donné l’allemand haus,
l’hollandais huus, le suédois hus, qu’on retrouve dans l’anglais
husband (occupant mâle de la maison).
Boss
(chef, patron) est lui aussi d’origine obscure. On sait qu’il vient du
hollandais baas (maître), mot apporté
par les premiers pionniers hollandais venus en Amérique.
On
comprendra que notre mère affublait de ce surnom quelqu’un qui se prenait pour
un autre.
Brinch à branch
Un jeu qui
semble être particulier au Québec ou peut-être même à la ville de Québec dans
les années 1950. L’origine du nom du jeu m’est inconnue. Un animateur ou un
loup cache un objet dans les alentours du site. La personne qui a caché l’objet
vient expliquer aux autres, par un dessin ou avec plusieurs indices sur le sol,
le trajet qu’il a dû faire pour se rendre (avec bien des détours). Le premier
qui trouve l’objet caché est nommé « bon chasseur.
Mon
souvenir est le suivant : On divise le groupe en deux. Une moitié part se
cacher et l’autre attend. Lorsque l’équipe est cachée, elle envoie un messager
à l’autre équipe et il va dessiner un plan de l’endroit où ses coéquipiers sont
cachés. Le plan ne doit pas être très précis pour rendre la tâche plus
difficile à ceux qui devront les trouver, le plan ne doit contenir que des
vérités. L’équipe cachée le reste jusqu’au moment où l’équipe qui les cherche
est en vue. Alors là, elle peut essayer de revenir au départ pour effacer ou
déchirer le plan qui aura été fait et laissé sur l’endroit de départ. Pour
pouvoir effacer le plan, il ne faut pas avoir été touché par un des membres de
l’équipe poursuivante sinon on est mort. Le messager peut convenir de signes
qu’il fera à son équipe en cas de danger. L’équipe gagnante sera celle qui aura
effacé le plan ou qui l’aura préservé.
Canissons (à
compléter)
Extrait de La coulée des
miracles – Une parodie de l’Église catholique
Jean-Guy Chouinard, Fondation littéraire Fleur de Lys
Jean-Guy Chouinard, Fondation littéraire Fleur de Lys
« Réussissant
quand même à retomber sur ses deux pieds, il parvint ensuite, tant bien que
mal, à « twister » son pantalon sur sa hanche pour cacher une déchirure en
forme d'équerre qui aérait maintenant la moitié de sa fesse droite. Lui qui ne
portait des « Canissons » Stanfield que durant l’hiver, là, il se sentait
pratiquement le derrière à l'air, car il n’avait pas mis de caleçons ce
matin-là. «
Cant, canter
Le
latin canthus (bande de fer qui entoure la roue), lui-même du grec kanthos
(coin de l’œil), est le mot d’où sont issus cant (côté le moins large d’un
objet) et ses dérivés canter, accanter, encanter et décanter, est aussi à
l’origine d’un très grand nombre de mots comme canton (coin, quartier), cantonnière,
cantonner, cantine, etc. Ce dernier mot est emprunté par le biais de l’italien
cantina (petit coin oû le met le vin). Par ailleurs, cant possède un doublet
français sous la forme de chant (face étroite d’un objet).
Canter
signifie : ne pas être sur le plus large côté et donc risquer de tomber;
et se coucher.
Chenailler
Québécisme
signifiant fuir, déguerpir
(reconnu
par Antidote et présent dans le Dictionnaire des canadianismes
Chipie
La
chipie, d’abord chipi (~1821), est
d’origine incertaine, Il semble, invraisemblablement selon moi, que le mot
origine de la contraction de chiper et de pie. Chiper (~1759) dérive
probablement de chipe qui désigne un petit morceau d’étoffe. Chiper signifier
donc dérober un petit morceau ou un objet de peu de valeur. Pie vient du latin pica (pie) pour désigner l’oiseau que
l’on connaît et désigne au figuré une personne bavarde. Sans compter que cet
oiseau est caractérisé par un appétit vorace, ce qui pourrait avoir autorisé le
rapprochement de chiper et de pie. On peut rapprocher le mot chipie de chipi (femme pingre) en Champagne et de gripie de l’ancien verbe griper
(attraper) aujourd’hui gripper.
On
utilise le mot d’abord dans l’expression faire sa chipe, c’est-à-dire faire la
fille méchante ou difficile à vivre. Aujourd’hui, le mot a le sens de femme ou
fille désagréable, prétentieuse ou capricieuse.
Coque-l’œil
Cette
expression est tirée de l’anglais cock-eyed (de to cock, armer, dresser et de
eye, œil).
Être
coque-l’œil, c’est avoir une coquetterie dans l’œil, loucher. Par extension,
être aveugle.
Échalote (en
réalité échalas)
Échalas
est attesté depuis 1215 sous la forme eschalaz,
probablement une altération de escharat
(échelle) issu d’une forme charas,
attesté par le dérivé charasson (échalas) dans les dialectes du Centre. Charas est issu du latin populaire caracium, altération du bas latin carratium (échalas) qui est lui-même une
transposition du grec kharax (pieu,
échalas) du verbe kharassein
(aiguiser). Échalas désigne un pieu pour une clôture et un tuteur pour les
plantes et qui, par comparaison, fut ensuite employé pour désigner une personne
grande et maigre.
Endormitoire
Vieux
mot français signifiant envie de dormir, besoin de sommeil, endormitoire vient
de dormir, du latin dormire de même
sens.
Esprit de bottine
L’origine de
cette expression régionale est obscure. On pourrait dire qu’il s’agit d’un
esprit ou d’un trait qu’on veut comique qui tire son origine des pieds plutôt
que de la tête, donc d’un esprit au ras du sol. D’ailleurs, en français
européen, il n’existe pas vraiment de tournure aussi pittoresque pour exprimer
le fait d’avoir recours à un humour un peu facile pour amuser l’entourage.
Fal, fale, falle
Le mot fale désigne le jabot ou le gosier d’un animal,
d’un oiseau. Le mot viendrait du vieux norrois falr signifiant tube. Je vous réfère, pour une explication complète
et très intéressante, au site http://www.takefu.org/labo/?2005/01/06/92-la-falle-basse.
La fale est la poitrine ou la gorge. Avoir la fale à
l'air signifie être décolleté ou débraillé de brêler). Avoir la fale basse signifie
ne pas avoir de façon. Au sens propre, avoir la fale basse signifie aussi être
affamé.
Flanc
Le
mot a été probablement refait sur l’ancien français flanche, issu du francisque
hlanka (partie latérale du corps). Le
mot est aussi attesté par l’ancien haut allemand lancha (côté) et le moyen néerlandais lanke (côté). Le mot désigne une personne nonchalante ou fainéante.
On utilise souvent l’expression grand flanc mou.
Flow (de fellow)
Le
mot fellow origine du vieil anglais feolaga (partenaire
d’affaires), lui-même du vieux norrois felagi,
de fe (argent) et de *lag (poser, pondre, mettre), à
l’origine de l’anglais lay. Le mot a
par la suite signifié une personne de sexe masculine, puis une personne
appartenant à une corporation.
Gadelle
Gadelle
est un des noms vulgaires de la groseille rouge dans l'Ouest de la France,
appelé gradelle ou gradille en Normandie et gade en haute Normandie. Le mot gadel
fait encore partie du patois normand aujourd'hui, mais on ignore son
étymologie. Au Canada, la gelée de cassis désigne aussi la gadelle noire.
Goutinette, boutinette
ou midinette (en réalité : goût de tinette)
L’expression
“ne pas prendre goût de tinette” signifie “prendre rapidement” en parlant du beurre.
La
tinette était un récipient généralement de forme ronde en bois doublé d'étain
où l'on conservait le beurre une fois fabriqué.
Le mot tinette tire donc son origine de l’anglais (tin). L'expression
populaire “cela ne prendra pas goût de
tinette” vient du fait que si le beurre prend rapidement, on peut le
retirer de la tinette dont il n’aura pas le temps de prendre le goût, celui de
l’étain.
Quant
à boutinette, goutinette ou midinette,
c’est à l’évidence une déformation de goutinette,
lui-même une déformation de goût de
tinette.
Hypocoristique
Le
mot hypocoristique est un emprunt du grec tardif hupokoristikos (caressant, diminutif) lui- même du verne hupokorizesthai (parler avec des
diminutifs) issu de hupo (sous) et korizesthai (caresser, cajoler).
Hypocoristique en français signifie donc petit mot qui caresse, doux surnom,
diminutif.
Joual
Joual
est la prononciation relâchée et déformée de cheval, entendu surtout dans les
régions rurales ou les quartiers populaires des grandes villes. L’expression
joual vert est un juron qui prenait la place du mot calvaire, tout comme tabarnouche
a pris la place de tabernacle et torrieux
de tord Dieu.
Kessler
Les
sœurs jumelles Alice et Ellen Kessler, nées le 20 août 1936 à Nerchau, en Saxe,
Allemagne,
étaient deux danseuses et actrices allemandes. Elles ont fait une carrière
commune dans le show business.
Leur
vrai nom était Kässler. Leur père Paul et leur mère Elsa leur firent suivre des
cours de danse classique. Le corps de ballet pour enfants de la ville de Leipzig
les engagea à l'âge de six ans en 1947. Elles réussirent en 1950 l'examen d'entrée de
l'école de danse de l'opéra de Leipzig. En 1952, la famille saisit la chance de quitter la RDA et passa en Allemagne de l'Ouest où les deux sœurs
continuèrent leur carrière dans le théâtre de variété à Düsseldorf.
C'est là que Pierre-Louis Guérin du Lido
de Paris
les découvrit et les engagea.
En
1959, elles représentent
l'Allemagne au 4e
Grand prix Eurovision de la chanson européenne, terminant 7e
sur 11 avec « Heut mocht ich Bummeln » (Nous voulons aller danser ce
soir), chanson signée par Astrid Voltmann et Helmut Zander[1].
Elles
continuèrent plus tard leur carrière en Italie où elles
vécurent de 1962
à 1986.
Elles jouèrent dans plusieurs films en Allemagne,
en France
et en Italie.
Elles ont également été assez connues aux États-Unis
où de nombreuses personnalités d'Hollywood
comme Frank Sinatra,
Burt
Lancaster ou Elvis Presley se montraient volontiers avec
« les Allemandes ».
Après vérification des habillements des deux filles aînées, elle
constatait souvent qu’elles sortaient de la maison en chemisier sans mettre de
camisole par-dessus le soutien-gorge. Maman les comparait alors aux sœurs
Kessler, des danseuses souvent en tenue légère.
Cependant, aussitôt au coin de la rue, les filles s’empressaient
d’enlever cette camisole. Souvent cependant, au retour de leurs sorties, gare à
celle qui oubliait de la remettre avant de rentrer. Elle se faisait apostropher
de verte façon.
Marie-Caca
Marie-Caca
désignait une femme qui se souciait peu de la propreté. L’expression est
peut-être originaire de Saint-Gabriel-de-Rimouski. Mais il est plus probable
que c’est une création québécoise par analogie avec Marie-Pipi.
On
note par exemple une Marie-Pipi, une vieille sorcière brûlée vive sur la place
de Bayonne en un temps où ces pratiques se justifiaient encore, par exemple
évoqué dans l’édition d’août 1968 dans le journal Combat, fondé André Renard.
Dans
le blogue de Michelle d’Astier de La Vigerie, une télévangéliste spécialisée
dans les histoires de sorcière du Moyen-Âge, un dénommé Mario, d’Hamilton
(Ontario), note qu’il se rappelle que son père appelait sa sœur Marie-Pipi, ce
qui montre que le mot avait traversé l’Atlantique.
Marie Quat’Poches
Marie
Quat'Poches est une série télévisée québécoise
diffusée originalement de 1967 à 1968 sur les ondes de Radio-Canada
et rediffusée à de multiples occasions.
Mouiller
Mouiller
est issu (~1050) du latin tardif molliare (amollir, imbiber, humidifier) qui
s’appliquait au départ au pain qu’on amollissait en le trempant (cf. tremper la
souper ou la soupe est trempée). Le verbe latin molliare est tiré de mollia, un
raccourci pour mollia panis (mie de pain). L’adjectif mollia provient de mollis
(mou) couramment employé pour désigner la mie de pain.
Si
quelqu’un se mouillait les pieds, cela voulait dire pour notre mère, qu’il
avait pris de la boisson alcoolisée, qu’il était gris. Si quelqu’un peut
expliquer l’origine de cette expression et le sens qu’on lui a donné, il est
bienvenu de le faire.
En
argot, être mouillé signifie être ivre. Au Canada, on employait l’expression se mouiller le canayen (canadien) pour
boire beaucoup. Se barrer les pieds ou s’enfarger les pieds signifier être
arrêté par quelque chose. On pourrait penser que se mouiller les pieds provient d’un amalgame des deux expressions
pour signifier : quand il est revenu à la maison, il s’est arrêté dans un
bar (barré les pieds dans le bar) et il a bu assez pour être gris.
Mox
Je
l’ai toujours compris pour jeune garçon, mais je n’en trouve pas la provenance.
Une idée, quelqu'un?
Niaiseux
Niaiseux
est un canadianisme pour signifier niais. Il dérive du verbe niaiser qui a
donné niaiseur (qui se prononçait niaiseux au XVIe et XVIIe siècles). Ces mots
ont vieilli en français standard. Niais (~1210) vient du latin nidax (pris au nid), lui-même de nidus (nid). Au départ, niais est
employé pour désigner un faucon qui sort du nid. Vers 1250, il sert aussi à
qualifier une personne sans expérience ou trop naïve. Il prend le sens moderne
de sot vers 1275.
Ortolan
Ortolan
est emprunté à l’italien ortolano
pour désigner une variété de petits passereaux d’Europe à chair délicate. Le
mot est issu du latin tardif hortolanus
(du jardin) qui avait déjà donné en ancien français le mot hortolan (jardinier). Hortolanus
est lui-même dérivé de hortus
(jardin) qui a donné le français horticole.
Le
nom de cet oiseau entre dans quelques expressions comme symbole de mets
délicats en rapport avec la rareté de l’oiseau ou avec sa réputation d’extrême
finesse. Manger des ortolans, par
surcroît cuits dans la graisse, était
donc une expression ironique.
Panse
Le
mot vient du latin pantex (intestins,
tripes et par extension abdomen, ventre), souvent au pluriel pantices. Le mot est passé en français
comme un synonyme populaire et familier du ventre.
Pissou
Les
canadiens (francophones en ce temps-là) se faisaient traiter de pea soup par les anglophones, parce
cette soupe faisait partie de leur ordinaire quotidien. Au fil du temps, le mot
pea soup est devenu pissou, les Canadiens-français ne
comprenant pas toujours les insultes des Anglos.
Prendre le beurre à
(la) poignée
L’expression
signifie : aller trop vite en besogne. Ne prends pas le beurre à (la)
poignée signifie donc calme-toi. Par ailleurs, je soupçonne que notre mère l’employait
pour dire d’arrêter de gaspiller.
Quand il n’y en aura
plus, il y en aura encore (ou il y en aura d’autres).
L’expression
est un morceau de sagesse populaire qui signifie que même si on semble avoir
épuisé une ressource, il y a une telle abondance de cette même ressource, qu’il
restera toujours pour nous approvisionner. Cette expression apparaît dans de
nombreux écrits romanesques ou théâtraux, comme par exemple dans l’acte III,
scène V d’un vaudeville de Messieurs Cogniard Frères, jouée le 24 août 1833 sur
le théâtre des Folies dramatiques
Ridelle
Ridelle
est emprunté au moyen haut allemand reidel
(rondin) lui-même de l’ancien haut allemand ridan
(tordre, tourner) d’où le français tire le verbe rider. Tous ces mots ont une
racine indo-européenne en commun *wer
ou *ver, à l’origine de la
préposition vers.
Le
mot désigne une balustrade légère, pleine ou à claire-voie, placé de chaque côté
d’un véhicule découvert ou bâché pour maintenir la charge et l’empêcher de
déborder.
Saint-Guy
La chorée de Sydenham, nommée ainsi d'après Thomas
Sydenham, est une maladie infectieuse du système nerveux central, apparaissant
après une infection à streptocoques bêta-hémolytique du groupe A,
avec fièvre, caractérisée par des mouvements involontaires et contractions des
muscles du tronc et des extrémités. Elle touche les enfants de 7 à 14 ans
consécutivement à une contamination aux streptocoques. Les antigènes
streptococciques ressemblent à ceux retrouvés au niveau des tissus nerveux, ce
qui entraîne un rhumatisme articulaire aigu (RAA). Elle se guérit
naturellement.
En langage courant, elle est appelée la « danse de
Saint-Guy ».
Seiner
Il
m'apparaît maintenant clairement que ces mots viennent sûrement du verbe
seiner/senner signifiant pêcher à la seine/senne, la seine/senne étant le filet
de pêche qu'on laisse traîner au fond de l'eau pour ramasser le poisson. Le mot
seine ou senne vient du latin sagena
(filet de pêche).
Le verbe apparaît dans les vieux Larousse, Robert et Littré. Les premiers français l'on probablement importé au Canada sous cette forme de seiner ou seineux, dans le sens de solliciter, solliciteur, d’où seineuse pour celle qui sollicite des clients (prostituée).
Le verbe apparaît dans les vieux Larousse, Robert et Littré. Les premiers français l'on probablement importé au Canada sous cette forme de seiner ou seineux, dans le sens de solliciter, solliciteur, d’où seineuse pour celle qui sollicite des clients (prostituée).
Voir
l’article plus complet sur http://jacasseries.blogspot.com/2010/02/seiner-seineur-seineux.html.
Si tout le monde
avait les mêmes goûts, les lits ne seraient pas assez grands.
La
maxime semble être l’expression populaire de l’adage latin De gustibus et
coloribus non est disputandum
qu’on peut traduire par Des goûts et des couleurs, on ne discute pas.
Boris Vian disait que si tout le monde avait les mêmes goûts, ce serait
drôlement dur de se marier.
Sty/stail/Staille
Je
l’ai toujours compris pour jeune garçon, mais je n’en trouve pas la provenance.
Une idée, quelqu'un?
Tableau
J’ose
penser que c’est parce que papa avait une manufacture de tableaux que notre
mère employait cette expression, mais rien n’est sûr. Peut-être est-ce
antérieur?
Tourner autour du
pot
Pot
est un mot d’origine inconnue. Peut-être vient-il de la racine préceltique –pott évoquant l’idée de rondeur, qu’on
retrouve aussi dans les mots pote ou potelé. Tourner autour du pot signifie
tergiverser, ne pas aller droit au but.
Viac/viacre/viaque
Juron
utilisé probablement à la place de viarge, vierge.
Zombie
Zombi
ou zombie est emprunté en 1832 à un mot créole haïtien, lui-même d’une langue
africaine probablement parlée au Dahomey (Bénin), source du vaudou haïtien. En
tchilouba, une langue du Congo, on trouve les mots nzambi (dieu), et zumbi
(fétiche). Le mot est certes plus courant en anglais des États-Unis qu’en
français.
Dans
les cultes vaudou, le mot signifie dieu-serpent
et désigne le pouvoir surnaturel qui peut réanimer un mort, d’où le sens de fantôme d’un mort. Par analogie, vers
1975, le mot équivaut à personne sans
volonté.